Je voudrais résumer, à l’aide d’un exemple humain, ce qui se passe dans la célébration eucharistique. Pensons à une famille nombreuse dans laquelle il y a un fils, le premier-né, qui admire et aime son père au-delà de toute mesure. Pour son anniversaire, il souhaite lui offrir un cadeau précieux. Avant de le lui présenter, cependant, il demande secrètement à tous ses frères et sœurs d’apposer leur signature sur le cadeau. Celui-ci arrive donc entre les mains du père comme signe de l’amour de tous ses enfants, sans distinction, même si, en réalité, un seul en a payé le prix. C’est ce qui se passe dans le sacrifice eucharistique. Jésus admire et aime infiniment notre Père céleste. Il veut lui offrir chaque jour, jusqu’à la fin du monde, le cadeau le plus précieux auquel on puisse penser, celui de sa propre vie. À la messe, il invite tous ses frères et sœurs à apposer leur signature sur le don, afin qu’il parvienne à Dieu le Père comme le don indistinct de tous ses enfants, même si un seul a payé le prix de ce don. Et quel prix ! Notre signature, ce sont les quelques gouttes d’eau qui se mélangent au vin dans la coupe. Elles ne sont rien d’autre que de l’eau, mais mélangés dans le calice, elles deviennent une seule boisson. La signature de tous est l’Amen solennel que l’assemblée prononce, ou chante, à la fin de la doxologie : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles, AMEN ! » Nous savons que ceux qui ont signé un engagement ont le devoir d’honorer leur signature. Cela signifie qu’à la sortie de la messe, nous devons nous aussi faire de notre vie un don d’amour au Père et à nos frères et sœurs. Je le redis, nous ne sommes pas seulement appelés à célébrer l’Eucharistie, mais aussi à nous faire Eucharistie. Que Dieu nous aide à le réaliser !
Extrait de la prédication de Carême par le cardinal Raniero CANTALAMESSA, prédicateur de la Maison pontificale, donnée le 18 mars.